À l’inverse de la plupart des marques historiques, la marque anglaise Nuffield n’a pas été créée par la volonté d’un homme mais par la décision économique d’un gouvernement. Sa courte durée, moins de 25 ans (de 1945 à 1969), a cependant permis de produire une vingtaine de modèles de tracteurs. Des machines avec bien des qualités mais fruit d’une stratégie incohérente et d’un manque de diversification qui amèneront Nuffield à disparaître dans les abîmes de regroupements impersonnels et sans âme. Et deux modèles, héritage emblématique, écriront le dernier chapitre de Nuffield, le 3/45 et le 4/65.
Année 1945. Pour le Royaume-Uni c’est la fin de la guerre. Enfin, pas tout à fait. En mars, les bombes volantes allemandes V1 et V2 tombent encore sur Londres et la campagne anglaise. Heureusement, ce seront les dernières. Le 8 mai, le Premier ministre Winston Churchill se présente avec le roi George VI au balcon du palais de Buckingham devant une foule en délire. Il vient de prononcer un discours de victoire sur les ondes de la BBC. Soulagement du peuple mais réalité d’une économie exsangue. En effet, l’endettement du Royaume-Uni est énorme et son empire colonial vacille. Dans ce contexte, le pays doit tout faire pour retrouver une économie saine et la paix sociale. Et l’économie agricole est particulièrement concernée. Après des débats interminables à la Chambre des Communes, le ministre de l’agriculture Thomas Williams dépose un projet de loi sur le développement agricole l’Agriculture Act. Cette loi permettra, selon Thomas William « de donner aux agriculteurs un marché assuré et des prix garantis pour leurs produits […] et la fourniture d’une rémunération adéquate et de conditions de vie décentes aux agriculteurs ». Pour cela il faut créer sur le sol national des entreprises d’agrofournitures et notamment un constructeur de tracteurs capable de faire baisser les coûts énormes d’importation de tracteurs américains qui sont, entre autres, une source d’endettement du pays. C’est ainsi que le gouvernement britannique fait appel à la Nuffield Organization. Cette holding appartient à William Morris, 1er vicomte de Nuffield (du nom du village de Nuffield dans l’Oxfordshire où il vit). Elle regroupe notamment les marques automobiles Morris, et Morris Commercial, Wolseley, Riley, MG, et S.U (carburateurs). Très vite la décision est prise pour créer un tracteur puissant. En mai 1946 un prototype est prêt et 12 autres suivent. Et le vice-président de Morris Motors Limited d’annoncer fièrement : « Nuffield to Make Tractors » (« Nuffield va fabriquer des tracteurs »)… Retrouvez l’intégralité de cet article dans le n°99 de Tractorama.
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