Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de grandes entreprises américaines du tracteur voient une implantation en Europe comme une belle opportunité économique, et John Deere n’échappe pas à cette stratégie. Sa reprise de Lanz puis son lancement de modèles 100 % européens comme les 820, 920, 1020 et 1120 seront les prémices de la réussite mondiale du constructeur américain.
Mannheim (Bade-Wurtemberg, Allemagne) 1948. Les dégâts de la guerre sont considérables. Particulièrement touchée par les bombardements alliés, l’usine Lanz a été détruite à plus de 90 %. Cependant, la reconstruction a commencé. Et chez Lanz on se remet à assembler les fameux Bulldog avec des pièces de rechange en utilisant des machines réparées au fur et à mesure. Mais les temps ont changé, et l’industrie du tracteur n’a pas été épargnée. L’avenir est aux tracteurs plus simples d’emploi, immédiatement disponibles en cas de besoin, mais aussi apportant plus de sécurité pour l’utilisateur. L’heure de la retraite des moteurs monocylindre « boule chaude » n’est pas loin. D’autant plus que la situation financière de la société Lanz n’est pas très bonne… Mannheim 1956. Ford, puis Massey-Ferguson et International Harvester ont montré le chemin de l’Europe. Et pourquoi pas John Deere pense, dès 1952, son président d’alors, Charles Wiman ? Des pourparlers sont entrepris avec le gouvernement britannique en vue d’une implantation en Écosse mais la démarche n’aboutira pas. En 1953, Charles Wiman est approché par une banque allemande qui lui propose de céder à John Deere 51 % de Lanz. À nouveau, l’affaire ne se fera pas. Il faut attendre 1955 lorsque décède Charles Wiman laissant la place à son beau-fils de 40 ans, William Hewitt, à la tête de l’entreprise. Ce dernier relance le projet d’une implantation de John Deere en Europe. Cependant, Lanz tente de réagir et met sur le marché de nouveaux modèles de tracteurs dès 1955, les D 1266, D 1666 (dont la production ne durera qu’une année) et les petits D 1106, D 1206 et D 1306 qui ne connaîtront pas non plus le succès. En juillet 1956, William Hewitt se rend à Mannheim où il rencontre une nouvelle fois les banquiers allemands. Cette fois le deal est conclu. Le 1er octobre 1956, John Deere acquiert 51 % de Lanz. L’américain va enfin prendre pied en Europe, y posséder une usine ainsi qu’un réseau de distribution. Cependant, le constructeur américain va utiliser une stratégie de reprise « en douceur ». Ainsi, la gamme Lanz va encore se composer de 14 modèles. Certains sont esthétiquement très inspirés des John Deere d’autant plus qu’en 1958 les modèles peints en bleu avec les roues rouges passent aux couleurs John Deere : vert aux roues jaune. En 1960, les vrais changements commencent : Heinrich Lanz AG Mannheim, devient John Deere Lanz AG. 1960 c’est aussi la sortie de l’usine John Deere de Mannheim des 300 et 500 (qui deviendront en 1964 310 et 510) à moteur 4 cylindres. Sur leur capot est encore inscrit quelque temps « John Deere Lanz » puis simplement « John Deere ». Suivront en 1962 le 100 2 cylindres, et le 700 qui deviendra le 710 4 cylindres. La même année, l’usine allemande assemblera le gros modèle américain 3010. Puis, viendront en 1966 le 200 2 cylindres et en 1967 sera lancée la série 20 européenne avec les modèles 820, 920, 1020 et 1120 dont nous vous présentons les belles documentations, réalisées en grand format et en couleur. Compte tenu du marché européen le choix du diesel s’impose. John Deere a une certaine expérience du diesel (le premier modèle ainsi motorisé le gros type R a été lancé sur le marché américain en 1949) et cette nouvelle gamme sera équipée d’un moteur diesel 3 cylindres… Retrouvez l’intégralité de cet article dans le n°89 de Tractorama.
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