Les dénominations agricoles varient de région en région. On dénomme ainsi l’endroit où l’on fait demi tour, contour dans certaines contrées, fourrières dans d’autres. Il en est de même pour les tours incomplets en bordure de champ, lorsqu’on travaille la terre ou que l’on récolte, qui s’appellent soit faux tours en Vendée, pointes dans d’autres régions.
Tout cela pour expliquer le convoi de tracteur que nous vous présentons aujourd’hui en train de combler une baissière ou une mouille. Mais qu’est-ce donc ? En fait, il s’agit d’un endroit creux où le champ inonde de manière chronique dès qu’il pleut. Pour remédier à ces inondations, on peut soit drainer ou alors plus simplement combler ce creux s’il n’est pas trop prononcé.
La petite commune de Charmes en Côte-d’Or (21) a réalisé son assainissement en créant des lagunes d’un peu moins de 2 000 m² et d’environ 3 m de profondeur, soit en tenant compte du foisonnement plus de 10 000 m3 de terre végétale qu’il aurait fallu évacuer à prix d’or. Mais la belle terre végétale trouve toujours une utilisation, précisément pour boucher les mouilles, en particulier dans une parcelle en bordure de rivière dénommée à bon escient « le Marais ». L’agriculteur, propriétaire de ce champ a donc profité de l’occasion. « C’est en novembre 1985 et pendant la période de gel que j’ai décidé d’utiliser cette terre stockée depuis près de 3 ans pour combler une mouille dans ce fameux « marais ». J’ai fait effectuer le travail de chargement par une entreprise qui disposait d’une Poclain 90 à chenilles, une très belle machine pour l’époque. Mais il fallait de nombreuses remorques pour suivre le rythme de cette pelle Poclain. J’ai alors sollicité mes voisins pour transporter la terre végétale de la lagune jusqu’au champ. C’est donc une escouade de 14 attelages qui a défilé sur le trajet de deux kilomètres qui séparent les lieux. » C’était donc une bonne occasion de voir défiler un beau panel des tracteurs des années 80. « On peut trouver un Someca 650 de 1974, excellent petit trois cylindres plein de coffre, attelé à une benne Knapick de 6,6 tonnes, un Fiat 980 de 1985 en 2 roues motrices avec une benne Brimont de 7 tonnes, un second 980 orange avec arceau et dont le propriétaire ne s’encombrait plus des côtés moteur, un Fiat 130 90 avec une autre coque Brimont. Voilà pour les italiens. Étaient également présents des MF avec un 2640, un 698 avec une benne Walter 5 tonnes rehaussée et encore à ouverture manuelle, un 699 avec une coque Brimont 8 tonnes. Du côté Renault, un excellent 133.14 TX et son grand frère 145.14 TX. Enfin deux IH, un 956 XL avec une benne Nicolas 7 tonnes à ouverture manuelle et un 956 XL attelé à une coque double essieu Brimont, la remorque monstrueuse de l’époque ! Le figeage du gazole était encore courant à ce moment là, si bien que le propriétaire du 956 XL avait attaché un sac de toile de jute de chaque côté du moteur afin de ne pas devoir démonter ses filtres toutes les heures pour enlever la paraffine. » Il y a seulement 29 ans, mais quel chemin parcouru car les bennes oscillent aujourd’hui sur les mêmes exploitations entre 14 et 23 tonnes, tandis que les tracteurs sont passés de 90 à plus de 180 ch et même jusqu’à 250 ch… Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 18 de Génération Tracteur.
Bouchage de baissière « au Marais », 14 attelages agricoles et une Poclain
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